LES OEM ONT AUTANT BESOIN DE RÉPARATEURS QUE LES RÉPARATEURS ONT BESOIN D’OEM.
PAR GIDEON SCANLON
L’industrie des collisions est entièrement dépendante de l’industrie automobile —sans les véhicules, il n’y aurait rien à réparer. C’est une évidence. Ce qui est moins évident, cependant, c’est que, sans réparateurs, l’industrie automobile s’effondrerait aussi.
Bien que la communauté canadienne des collisions puisse oublier cette leçon, les équipementiers sont bien conscients de cette dépendance mutuelle. La preuve en est partout, qu’il s’agisse des investissements croissants pour fournir à la collectivité les instructions dont elle a besoin pour effectuer des réparations sur des véhicules de plus en plus complexes, ou de la promotion vigoureuse des programmes de certification OEM et des installations de marque.
De l’intérieur, de nombreux membres de la communauté des collisions sont à juste titre sceptiques à l’égard de ces tentations d’exercer un effet de levier sur le secteur de la réparation de véhicules. Mais là où beaucoup suggèrent que ces efforts visent de façon transparente à extraire de la valeur du marché des pièces de rechange, les sceptiques devraient envisager une autre possibilité : Les OEM sont effrayés à l’idée que leurs véhicules soient irréparables.
S’il y a une chose que l’histoire nous montre, c’est que sans la capacité des groupes tiers à réparer les véhicules, les véhicules eux-mêmes ne seront jamais largement adoptés. Au début des années 1800, avant l’invention du moteur à combustion interne, de nombreux inventeurs ont vu les possibilités commerciales qu’offraient les automobiles et la vue de leurs voitures à vapeur devenir monnaie courante.
Malgré leur efficacité, ces inventions ont toutes atteint le même but—elles ont été mises au rebut après avoir cessé de fonctionner et n’ont jamais été mises en production à grande échelle. Sans une conception vaguement uniforme des wagons à vapeur – qui aurait pu être réalisée grâce à une production de masse—l’infrastructure nécessaire pour vendre ces premières automobiles ne pourrait jamais dépasser la capacité du concepteur à les réparer.
En 1940, Henry Ford a dit : «Croyez-moi, une combinaison d’avion et de voiture arrive. Tu peux sourire, mais ça le fera.» Il n’était pas seul. À la fin des années 1940, alors que des milliers de jeunes pilotes de chasse et de bombardiers commençaient à s’installer dans les banlieues et à se lancer dans des carrières plus terre-à-terre, l’idée de faire des voitures volantes un courant dominant ne semblait pas vraiment farfelue. En fait, certains équipementiers entreprenants ont même conçu des véhicules qui comblent l’écart entre les voitures et les avions.
De 1949 à 1987, une entreprise, Aerocar International, a créé neuf prototypes différents d’avions adaptés à la route. À un moment donné, dans les années 1950, l’entreprise avait plus de 500 commandes— mais le destin l’empêchait de les honorer. Afin de protéger le public contre les aéronefs civils mal entretenus, le Congrès a adopté un certain nombre de mesures qui ont rendu impossible la réparation des véhicules par des techniciens automobiles.
Au cours des décennies suivantes, chaque nouveau modèle – tous conçus pour surmonter ces obstacles juridiques—a été étouffé par de nouvelles lois sur l’entretien des aéronefs. Deux siècles plus tard, le même problème se pose à la communauté des inventeurs de vélos en vol stationnaire. Bien que de nombreuses entreprises en démarrage utilisent ces véhicules relativement simples, aucune n’est produite en série. Avec peu d’uniformité dans la conception—et des obstacles à la fabrication des avions, les vélos volants restent une fantaisie, et non une réalité.
Pour concurrencer d’autres équipementiers, ils doivent continuer à relever la barre technologique. Avec chaque augmentation progressive de la complexité, le besoin d’effectuer des réparations plus précises augmente également, mais tout OEM dont les véhicules sont si complexes que les réparations deviennent trop compliquées pour l’industrie cessera bientôt ses activités. S’ils ne sont pas en mesure de s’assurer que leurs véhicules peuvent être réparés efficacement, ils ne prendront pas simplement du retard— ils disparaîtront.